Symbole de la grandeur de St Etienne, Dominique Rocheteau, aka l’Ange vert, sera une des têtes de gondole du foot français pendant 10 ans, de Kiev à Guadalajara en passant par les poteaux carrés et Séville.
Poste : milieu
Né le 14 janvier 1955 à Saintes (Charente-Maritime)
1m77 pour 72 kg
49 matches en équipe de France, 15 buts marqués entre 1975 et 1986
Clubs successifs
Saison | Club | Nb matchs | Nb buts |
---|---|---|---|
1972 – 1973 | AS Saint Etienne |
2 | 0 |
1973 – 1974 | AS Saint Etienne |
4 | 0 |
1974 – 1975 | AS Saint Etienne |
4 | 0 |
1975 – 1976 | AS Saint Etienne |
22 | 11 |
1976 – 1977 | AS Saint Etienne |
27 | 3 |
1977 – 1978 | AS Saint Etienne |
26 | 5 |
1978 – 1979 | AS Saint Etienne |
37 | 21 |
1979 – 1980 | AS Saint Etienne |
31 | 11 |
1980 – 1981 | Paris Saint Germain |
37 | 16 |
1981 – 1982 | Paris Saint Germain |
22 | 10 |
1982 – 1983 | Paris Saint Germain |
26 | 11 |
1983 – 1984 | Paris Saint Germain |
30 | 9 |
1984 – 1985 | Paris Saint Germain |
31 | 15 |
1985 – 1986 | Paris Saint Germain |
35 | 19 |
1986 – 1987 | Paris Saint Germain |
23 | 3 |
1987 – 1988 | Toulouse FC |
26 | 4 |
1988 – 1989 | Toulouse FC |
34 | 7 |
Palmarès
– En équipe de France
Vainqueur du Championnat d’Europe en 1984
Vainqueur de la Coupe Intercontinentale en 1985
Demi-finaliste de la Coupe du Monde Mexico 1986 (3ème)
Demi-finaliste de la Coupe du Monde España 1982 (4ème)
– En club
Champion de France en 1974, 1975 et 1976 avec Saint-Etienne
Champion de France en 1986 avec le Paris SG
Vainqueur de la Coupe de France en 1977 avec Saint-Etienne
Vainqueur de la Coupe de France en 1982 et en 1983 avec le Paris SG
Finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1976 avec l’AS Saint-Etienne
On le surnommait l’ange vert dans les années 70, ses longues chevauchées le long de la touche, ses nombreux buts sous le maillot vert, sous la tunique bleue ou vêtu de celle du Paris SG, il représentait véritablement un modèle d’attaquant de l’époque. Pas le moindre carton rouge en dix-huit ans de carrière, Dominique Rocheteau a marqué l’histoire du football Français et c’est toujours un réel plaisir de parler de lui encore aujourd’hui surtout lorsque l’on voit la tournure qu’a pris le football. Né en Charente Maritimes en 1955, Dominique Rocheteau devint célèbre à l’époque de la grande réussite de l’AS Saint Etienne. De superbes matches en coupes d’Europe de Kiev à Geoffroy Guichard en passant par Munich, les Verts ont brillé en Europe jusqu’à échouer face au Bayern de Munich en finale de C1 1976 malgré une nette domination des coéquipiers de Jean Michel Larqué. Rocheteau était un attaquant rapide, vif et très adroit devant le but, ses qualités lui ont permis de remporter trois années de suite (de 1974 à 1976) le titre de champion de France avec l’ASSE. L’entraîneur de l’équipe de France Michel Hidalgo repère ce jeune prodige et le lance dans le grand bain de la Sélection Française à la fin des années 70. Son parcours en 1982 est remarquable avec ses coéquipiers que l’on ne présente plus, de Tigana à Platini, en passant par Max Bossis, Alain Giresse ou encore Joël Bats et Patrick Battiston. Les Bleus d’Hidalgo éprouvent beaucoup de plaisir sur le terrain, leur chef d’orchestre Michel Platini (record avec 41 buts) multiplie les exploits avec des passes décisives venues d’ailleurs et des coup-francs à faire frémir les gardiens adverses. Un super but de Rocheteau face à l’Irlande du Nord après avoir traversé en solo une grande partie du terrain. Puis cette demi-finale France – RFA que l’on ne cesse de ressasser a marqué tous les esprits, après avoir mené 3-1 en prolongations, les Bleus n’ont pas bien géré la fin de match et ont malheureusement laissé filer la finale dans une séance de coups de pieds aux buts cauchemardesque.
Dominique Rocheteau fait partie du Groupe champion d’Europe 1984, les tricolores survolent le tournoi et apportent à la France leur premier grand titre majeur. Un match d’ouverture emporté à l’arrachée face au Danemark (1-0) grâce à un but de Platini au parc des princes, ensuite un festival face à la Belgique (5-0) dans un stade de la Beaujoire flambant neuf à Nantes puis une victoire (3-2) face à la Yougoslavie à Geoffroy Guichard. Les Bleus de Michel Hidalgo réussissent à battre le Portugal (3-2) après un match d’anthologie, où le suspense fut digne d’un roman de Hitchkok. Les coéquipiers de Platini ne manquent pas leur finale face à l’Espagne (2-0), le trophée est à eux, les supporters du Parc des Princes exultent ! Michel Platini avec 9 buts reste le meilleur buteur de l’Euro encore aujourd’hui. Dominique Rocheteau poursuit son aventure en s’envolant au Mexique pour le Mondial 86. Un premier tour parfaitement géré. Certes ne victoire laborieuse face au Canada après un but du tout jeune Jean Pierre Papin, un match nul face à la Russie avec une belle égalisation de Luis Fernandez (1-1) et une victoire facile face à la Hongrie. La France bat en 1/8ème de finale le champion du Monde sortant, l’Italie de Dino Zoff. Ce match de 1/4 de finale face au Brésil est un modèle de football samba, les Bleus éliminent le grand Brésil de Zico dans une séance de coups de pied aux buts où Fernandez achève le beau travail. Rocheteau se blesse malheureusement dans ce superbe match, la France écoue une nouvelle fois face à la RFA en demi-finale (0-2), c’est la fin d’une belle aventure vécue par les Bleus en Coupe du Monde, il reste encore aujourd’hui des regrets dans les esprits mais le football des années 80 n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui où les enjeux économiques ont véritablement pris le dessus.
Au total 49 sélections pour 15 buts pour Monsieur Rocheteau, une brillante carrière laissée derrière lui… Ce tout nouveau Président du Conseil National de l’éthique suscite beaucoup d’admiration. Son passage au Paris SG entre 1980 et 1987 fut tout aussi brillant avec un titre de champion de France en 1986 et deux finales de Coupe de France remportées en 1982 et en 1983. Espérons que bon nombre d’attaquants de notre époque prennent exemple sur ce talentueux buteur. Rocheteau fera éternellement partie de l’histoire de la maison bleue, son nom raisonne dans toutes les têtes des vrais supporters Français, je ne me lasserai jamais de vous parler des Bleus des années 80 qui ont bercé notre douce enfance…
Sa vie, son oeuvre
Natif d’Etaules dans les Charentes, Dominique Rocheteau est repéré très jeune par le recruteur en chef des verts, le célèbre Pierre Garonnaire. Il débarque doc dans le Forez à 17 ans. Les verts qui viennent de perdre 2 fois de suite le championnat amorcent un renouvellement d’effectif salutaire et la grande marée verte s’apprête à submerger la France. Les débuts sont difficiles et c’est du banc de touche qu’il vit la demi-finale de C1 contre le Bayern en 75. Il commence à s’imposer à partir de 1975 justement. Héros de Kiev où il inscrit le but de la qualification en prolongation, ses longs cheveux bouclés lui valent ce surnom qu’il déteste « L’ange vert ». Après ce match, alors que tout St-Etienne fait la fête lui rentre chez lui. C’est son meilleur souvenir en Vert. « Nous avons gagné 3-0 au match retour, dans les prolongations. J’ai marqué le troisième but, celui de la victoire, sur une passe de Patrick Revelli. C’était un bonheur incroyable, irréel! J’aurais voulu qu’il se prolonge. Quand j’ai marqué, j’ai pensé à mon père, qui refusa d’aller jouer dans la grande équipe de Reims pour continuer l’ostréiculture. » avant de poursuivre « Personne ne pensait que nous allions gagner. Il y avait une énorme pression. J’avais envie de me retrouver seul à écouter de la musique. C’était étrange d’être en pleine campagne après une soirée comme celle-là. Je me demandais même si le match avait eu lieu. Je me suis passé le film dans ma tête, allongé par terre, le casque stéréo sur les oreilles… »
Ailier droit aux dribbles chaloupés il n’affectionne rien tant que provoquer balle au pied son vis-à-vis. Devenu titulaire indiscutable, il vivra l’ascension irrésistible puis l’amorce du déclin. Les Verts ne se relèveront jamais des poteaux carrés et la victoire en Coupe de France en trompe l’œil de 1977, ne peut empêcher une fin de cycle. Entre 1978 et 1980, l’ensemble des cadres quitte le club (Dominique Bathenay, Jean-Michel Larqué, Christian Sarramagna, Patrick Revelli, etc… Dominique Rocheteau finira également par quitter les verts en 1980. En effet, les arrivées de Johnny Rep, Jacques Zimako ou Michel Platini ne parviennent pas à insuffler une nouvelle dynamique et les jeunes sont encore trop tendres ou pas assez talentueux pour permettent à des verts désormais attendus sur tous les terrains de s’imposer. C’est au Magazine trotskiste « Rouge » qu’il donne la primeur de son transfert : « Dans le monde du foot, on ne parle pas du tout de politique. Un jour, j’ai dit que je ne pratiquais pas ce sport pour l’argent, que je pourrais jouer même si je n’en gagnais pas. Cela avait été très mal pris dans la profession. Mes engagements étaient naturels, mais je sentais qu’ils gênaient. J’ai été un peu considéré comme une bête curieuse dans le milieu du football français. J’aspirais seulement à jouer au foot et à vivre selon mes goûts. Mais mon existence était aussi très collective. Je vivais au sein de l’équipe, je ne me mettais pas en avant »
Parallèlement à son éclosion stéphanoise, Dominique Rocheteau devient très vite un cadre de l’équipe de France d’Hidalgo. Sa participation au mondial Argentin de 78 est pour lui un crève cœur par rapport à sa conscience d’homme de gauche, tendance marxiste, mais bon une Coupe du monde ca ne se refuse pas. En bleu, Rocheteau vivra les plus belles années des bleus : du drame de Séville à Guadalajara en passant par la victoire lors de L’euro 1984, il sera un des portes drapeaux de la sélection nationale, un des symboles de la génération Platini
Lorsqu’il débarque au PSG, il troque son poste d’ailier droit pour celui d’avant-centre axial avec une belle réussite sportive. 2 coupes de France et un titre de Champion en 1986 soldent son passage dans la capitale. Il y découvre également le star système devenant chroniqueur dans Onze Mondial, le magasine de son ancien mentor Jean-Michel Larqué et sa raie de communiant. Après le titre de 86, il raccroche avec les bleus et l’arrivée de Vahid Halilhodzic en provenance de Nantes lui pose quelques soucis. L’équipe tourne moins bien, à l’image de l’élimination au 1er tour en C1. Sur la pente descendante, c’est Jacques Santini qui viendra le chercher pour faire doublette avec Beto Marcico au four à pizza du stadium. Le transfert est un flop. Les dissensions entre un entraineur hyper exigeant et de jeunes stars immatures (Yannick Stopyra en tête), conjuguées à une efficacité moyenne de Dominique, conduisent inévitablement au clash. Après une dernière saison au TFC, l’Ange Vert redéploie ses ailes pour décoller vers une reconversion un peu chaotique. Il dispute son dernier match face au Matra Racing en où joue son ex-coéquipier en Bleu Maxime Bossis qui lui aussi raccroche. « J’étais arrivé à saturation. Ce n’était pas la galère, mais on se lasse des entraînements, on baisse physiquement, et derrière les jeunes vous poussent. J’étais vraiment content de m’arrêter. ». Pour l’anecdote, Rocheteau terminera sa carrière avec seulement 2 cartons jaunes.
Ce n’est donc pas vers la musique qu’il va s’orienter, lui qui déclarait « Si j’avais une deuxième vie, je choisirais d’être musicien », mais vers le cinéma où Maurice Pialat lui proposer un rôle au côté de Depardieu dans Le Garçu. Ce sera son unique film.
Entre temps, Dominique Rocheteau se sera essayé au métier d’Agent, prenant sous sa coupe un autre grand ailier droit français, David Ginola. Mais suite à divers problème il finira par abandonner cette piste de reconversion. : « J’étais parti dans cette voie plus par philosophie que pour le business. Je voulais suivre les joueurs pendant toute leur carrière. Je me suis très vite aperçu que ce n’était pas cela. C’est un milieu où il n’y a pas de règles. Une réforme du métier a bien eu lieu, mais les agents sont payés par les clubs alors qu’ils défendent les intérêts des joueurs! Ce n’est pas sain. Ils ne peuvent pas travailler à la fois pour le joueur et pour le club. »
Il crée alors le centre Footatlantic à Royan où il offre des stages d’été aux jeunes de 8 à 16 ans. Le centre fonctionne bien et tous les étés on peut le rencontrer sur les plages de Royan.
En 2005, il publie une autobiographie « On m’appelait l’Ange Vert » dans laquelle il revient sur son parcours
Au début des années 2000 il prend la direction du Conseil de l’éthique, chargé de « surveiller » la commission de discipline. Celle-ci va se ridiculiser lors de l’affaire des Minots en 2006. Suite à des désaccords sur la sécurité des supporters phocéens, Pape Diouf envoie son équipe junior agrémentée de quelques remplaçants. Au terme d’un match d’une pauvreté affligeante, les Minots obtiennent un 0- 0 qui a un goût de victoire face à un PSG atone. Canal +, pour qui PSG-OM reste une affiche se scandalise et ce point du match nul est retiré au 2 équipes pour cause de match moche. Cela provoque un tollé général et la sanction est retirée en appel.
En 2007, Dominique Rocheteau décide de passer ses diplômes pour devenir dirigeant de club. Pour un type qui lisait Bakounine, ça la fout bien
Photos
Musique
Monty
1976
En 1976, En pleine épidémie de fièvre verte, Monty, barde officiel de l’ASSE, entonne cette hagiographie musicale que l’intéressé aura le bon gout de faire interdire…
Quelques petites erreurs :
– Ce n’est pas Michel Hidalgo qui a lancé Dominique Rocheteau en équipe de France mais Stephan Kovacs, son prédécesseur en 1975.
– En 1982, Joël Bats ne faisait pas partie de l’équipe de France et n’a donc pas participé à la Coupe du Monde.