Excellent milieu offensif au pied gauche extraordinaire, Marcel Loncle est sans doute passé à côté de sa carrière en raison de son caractère de cochon. Il sera même suspendu en équipe de France pour avoir refusé de venir, après avoir été appelé sans jouer. Passé par Angers, il est un des rares joueurs à avoir gagné un titre avec le Stade rennais.
La fiche de Marcel Loncle
Parcours en clubs :
1956 – 1959 | Angers SCO | |
1959 – 1960 | US Saint-Malo | |
1960 – 1962 | Angers SCO | |
1962 – 1966 | Stade Rennais | |
1966 – 1969 | US Saint-Malo |
Palmarès de Marcel Loncle
- 1957 : Finaliste de la Coupe de France (Angers)
- 1965 : Vainqueur de la Coupe de France (Rennes)
- 2 sélections en équipe nationale
Biographie Marcel Loncle
Sa carrière en club
Enfant de St Malo, Marcel Loncle a gardé une trace profonde de la cité corsaire : un caractère bien trempé et des idées très arrêtées sur le jeu et le monde du professionnalisme. Pour lui, le foot est avant tout un plaisir. Excellent technicien, doté d’une vista exceptionnelle, Marcel jouait comme inter ou ailier gauche et avec l’US St Malo, il se taille rapidement une réputation locale, qui dépasse bientôt les frontières de la Bretagne. Il mettra pourtant 2 ans avant de céder aux sirènes du professionnalisme, et lorsqu’il rejoint Angers en 1956, il conserve sa licence amateur, même s’il joue en D1. Le fossé est minuscule pour le malouin qui s’impose rapidement au sein de l’attaque angevine. Avec 7 buts en 27 matchs, et une participation à la finale de la Coupe de France, perdue contre Toulouse, Sa première saison est une réussite. Il plait au public et à ses coéquipiers. Taulier de l’équipe de France militaire puis espoir, il est appelé à un destin national et son nom revient régulièrement pour l’équipe de France, la vraie.
Mais rapidement les choses se gâtent. Cantonné à un rôle d’ailier de débordement qu’il ne correspond pas à sa vision du poste et du jeu, il a tendance à dézoner beaucoup, et les critiques finissent par pleuvoir. Sûr de son bon droit, Loncle n’hésitera pas à claquer al porte après 3 ans, préférant l’anonymat de l’amateurisme à St Malo plutôt que les honneurs des bleus et de la D1 avec Angers, dans un rôle à contre-emploi. Il s’en explique longuement peu après son départ : « D’un point de vue strictement football, je dois avouer que l’an dernier, j’ai été écœuré. Je jouais dégoûté. Je ne m’amusais plus. J’accomplissais une corvée. On doit prendre plaisir à jouer au football. Voyez-vous, j’ai une conception du jeu bien arrêtée : conserver le ballon, le faire courir ; éviter au maximum des risques de pertes en usant du retrait. Je suis pour la construction à 100 %, pour un football de démarquage où l’on progresse à 2 ou 3. La première année, en 1956-57, je jouais en pointe : jeune amateur de 19 ans et demi, sortant de St-Malo, je tenais avant toute chose à m’imposer. Pensez donc, je jouais en « pro » ! J’étais tout feu, tout flamme, décidé à « gagner » ma place. J’allais un peu comme « un chien fou » sur toutes les balles.. Ah ! ma cote était grande auprès des spectateurs. Mon nom fut même chuchoté pour l’Equipe de France. Cependant, dès la fin de cette saison, je sentis nettement que je voulais autre chose : devenu titulaire, ayant pris confiance en moi, je commençais à vouloir construire, à donner le ballon et non plus à courir toujours derrière lui. Vint ma deuxième année, 1957-58 ; j’opérais comme ailier en retrait. Je me suis régalé ! J’avais souvent le ballon, je construisais, j’organisais ; je participais enfin au jeu collectif ; mon rôle devenait important. Cependant, bien qu’ayant réussi dans cette position repliée autant de buts que la saison précédente : 7, autant je plaisais, autant je déplus. « Tu rends moins de services à jouer ainsi », me disait-on. Nous arrivons à ma troisième et dernière année : 1958-59. Je redevins ailier en pointe. Ce qui ne m’enthousiasmait pas. Et qui plus est, dans des conditions particulières : notre équipe pratiquant le 4-2-4, ce fut mon demi-gauche qui glissa comme quatrième arrière, mon inter gauche qui recula en demi. De par cette tactique, je me trouvais plus ou moins sacrifié. Si je venais en retrait, on estimait que je n’étais plus dangereux. Aussi, je me voyais contraint de me tenir à proximité de mon arrière, isolé, dans l’attente des longues balles « dans le trou » de 30 à 40 mètres. J’étais poussé à vouloir briller, à faire des coups d’éclat pour sortir de l’anonymat. En un mot, j’avais l’impression de déjouer, la certitude de jouer contre mon tempérament. »
Le départ est donc inévitable et Loncle revient à Angers, tout en faisant quelques appels du pied au Stade de Reims. Il pense mettre sa carrière entre parenthèse « Je suis appelé à prendre la succession de mon père qui dirige un atelier de construction métallique ». Mais sera rattrapé par la réalité. Dès 1960, il revient à Angers où le nouvel entraineur, Karel Michlovsky l’utilise enfin à son poste d’inter gauche. Il marque moins (2 buts seulement) mais aliment en bon ballons l’avant-centre Stéphane Bruey. Son nom revient avec insistance en équipe de France et il sera appelé en 1962. Mais il ne rentrera pas en jeu. Vexé, lé neo-rennais, depuis l’été 1962, refusera d’honorer le groupe de son auguste présence lors de son rappel en 1963. Il écopera de quelques semaines de suspensions, qui terniront son image, et alimenteront la légende de son caractère de cochon.
Ses débuts à rennes sont excellents, avec 12 buts lors de sa première saison. Dans le 4-4-2 mis ne place par Cuissard, il anime le milieu avec Jean-François Prigent, pour servir le duo Yvon Goujon – Alain Jubert. Rennes est une équipe assez joueuse, un peu faible défensivement mais plutôt sympa à voir jouer. Régulateur du milieu de terrain, Loncle s’épanouit enfin en club et apporte beaucoup. Régulier, il confirme avec 10 buts en 1964 et sera même rappelé en équipe de France en 1965, à 1 an de la Coupe du monde. Les rouge et noir remportent cette saison-là la Coupe de France aux dépens de Sedan, ce qui reste un grand souvenir pour Loncle, à l’origine du but de la victoire lors du 2ème match (2-2 pour la première finale, qui est rejoué quelques jours plus tard). « >En 1965, nous avions la meilleure attaque, mais aussi une super défense, qui nous avait bien aidés. On pensait d’abord à une chose : marquer des buts. Avant la finale, nos dirigeants étaient sûrs qu’on allait gagner la Coupe. Et on a failli perdre. Sedan était en difficulté alors que nous étions dans l’euphorie. Toute l’équipe avait joué face à l’équipe de France pour un match amical. Et en demi-finale, contre Saint-Etienne, nous avions fait une première mi-temps de rêve. Nous avions beaucoup de camaraderie au sein de notre équipe. Quand on se déplaçait, c’était en train, et ça nous donnait beaucoup de temps pour vivre ensemble. » Malheureusement pour lui, ses 2 capes resteront sans lendemain, malgré une dernière belle saison à Rennes. Il ne verra pas les rives de l’Angleterre ;
En 1966, il revient à St Malo pour reprendre la suite de son père et continue à jouer en amateur, jusqu’en 1969. Son départ se fait encore une fois à la surprise générale.
Que devient Marcel Loncle?
Après sa carrière de joueur, Marcel Loncle s’est donc consacré à l’entreprise familiale tout en gardant des attaches au club, dont il sera le directeur sportif durant la saison 1984-85.
Aujourd’hui, il coule une retraite paisible dans la cité corsaire
Bonsoir monsieur Marcel Loncle. Quel bon souvenir que d’évoquer les matchs de Rennes, vous, en organisateur ! j’admirais votre élégance, la finesse et l’intelligence de votre jeu. J’étais surveillant à l’école des Cordeliers à Dinan. J’emmenais avec moi, dans ma quatre chevaux, mon vieux professeur, le chanoine Page, qui alors était malvoyant. Je lui commentais les actions sur le terrain. Je le voyais frapper du poing dans sa main, la pipe serrée entre les dents. Un passionné, très connaisseur, et très admiratif de son joueur préféré, Marcel Loncle. Merci monsieur pour le bonheur que vous nous avez donné, vous voyant évoluer dans l’équipe de Rennes. Magnifique! Je vis à Saint-Jacut, revenu il y a vingt ans profiter de la retraite. Je vous souhaite le meilleur pour cette année 2024. Vive la vie. Alain Lemoine