En Bref
- 1977 –1984 :
CA Peñarol - 1984 –
1987 :
RC Lens - 1987 –
1988 :
CA Independiente - 1988 –
1989 :
CA Peñarol - 1989 –
1990 :
RC Montevideo - 1990 –
1992 :
Nacional Montevideo - 1992 –
1993 :
Defensor SC - 1993 –
1994 :
CCyD El Tanque Sisley
- 1978 : Champion d’Uruguay (Peñarol)
- 1979 : Champion d’Uruguay (Peñarol)
- 1981 : Champion d’Uruguay (Peñarol)
- 1982 : Champion d’Uruguay, Vainqueur de la ma Copa Libertadores (Peñarol),
- 1983 : Vainqueur de la Copa America (Uruguay)
- 41 sélections en équipe nationale
Sa vie, son oeuvre
Qui ne se souvient pas de cet attaquant fantasque, qui fit la une en son temps de « France-Football » ? Il était capable d’enflammer Bollaert sur un coup du foulard, ou sur une frappe aussi soudaine que puissante ! C’était il y a 25 ans, et c’était encore le bon temps des années 80, quand Lens se payait une attaque de feu avec Carreño, Njo-Léa, Ramos et Monsieur Xu ! Avec Ramos et Carreño, Lens s’offrait une parenthèse uruguayenne. Mais à la différence de son compatriote Daniel Carreño, qui ne fut jamais qu’une étoile filante du football continental, Ramos a fait une très grande carrière.
La gloire au Peñarol
Champion du monde des clubs en Amérique du sud, il entamait alors sa première expérience à l’étranger, dans un club du second niveau français, qui ne brillait guère que par intermittence. Né le 20 juin 1959 dans les contrées lointaines de l’Uruguay, à Bernabé Rivera, petit village rural du département d’Artigas, Venancio Ariel Ramos Villanueva n’a que 17 ans, lorsqu’il signe son premier contrat professionnel avec le grand club de la capitale, le Peñarol. On est en 1977, et cet attaquant filiforme, surnommé « la Cigale », arrive avec deux autres joueurs dont on reparlera plus tard : l’attaquant Ruben Paz et le milieu Mario Saralegui. Comme Hugo de Léon, le légendaire défenseur de la Celeste de la décennie 80, Ramos est devenu champion d’AMSUD des moins de 20 ans à Caracas, avant même de passer pro. Un an plus tard, il sera 4ème de la Coupe du Monde des moins de 20 ans, à Rades en Tunisie. Une rareté dans un milieu où les jeunes pousses étaient déjà très surveillées par les agents recruteurs. Lui qui n’avait jamais voyagé, décrira la découverte de son nouveau club et de la ville, comme un conte de fée : « on était tout le temps en déplacement, alors que je n’avais jamais pris l’avion jusque-là. Je venais d’une toute petite ville, et je découvrais Montevideo, l’immense capitale. Chaque moment était un instant de joie et de découverte !»
Il va rester 7 saisons à Peñarol, empochant 4 titres de champions d’Uruguay, mais c’est l’année 82, qui sera tout bonnement extraordinaire. Après un premier titre national, le grand club de Montévideo s’adjuge en effet la Copa Libertadores contre les Chiliens de Cobreloa, ni plus ni moins que la Ligue des champions d’Amérique du sud. Lors de la finale retour à Santiago, il offre la balle de but à Morena alors que l’on se dirigeait tout droit vers les prolongations (1-0). Quelques mois plus tard, en décembre 82, en remportant à Tokyo, l’Intercontinentale des clubs contre « l’ovni British » Aston-Villa (2-0), il deviendra également l’officieux champion du monde.
L’expérience lensoise, mi-figue, mi-raisin
Mais en 84, un peu à la surprise générale, il prend donc la direction de Lens où il doit former, sous la houlette de Gérard Houiller, un nouveau trio d’attaque, avec Brisson sur la gauche et Xuereb en avant-centre axial. «Ce fut une merveilleuse expérience» explique encore Ramos. « Peñarol était champion du monde, donc allez dans une petite équipe française ne m’a pas vraiment montré le niveau du football français qui n’était que le 3ème ou le 4ème sport national. Par contre, j’ai tout de suite vu la différence au niveau des structures, du stade et des salaires. C’était un autre monde. Même si c’était un autre siècle et une autre époque, mon arrivée a été très importante pour l’image de ce sport en France. Lorsqu’on signe un contrat, on se doit aller au bout. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas, mais bon…Dans ce cadre là, c’était donc autre chose, qui m’a permis de vivre différemment. Je ne me battais plus pour être champion, mais pour gagner une place de titulaire. Nous avons fait beaucoup pour que le football français prétende au niveau mondial. » A l’époque, il faut bien reconnaître que les grands joueurs ne se bousculent pas pour venir jouer en France : « quand je suis arrivé, il n’y avait quasiment aucun Uruguayen en Ligue 1 (ndlr : hormis Ruben Umpierrez, le fantasque meneur de Nancy, Carlos Curbelo, et l’attaquant Pedro Pedrucci à Laval.) Peu de temps après, 3 joueurs ont débarqués, et dans les années suivantes, deux autres : il y avait Enzo (Francescoli) et Ruben Paz. On a poussé la clef, et même ouvert la porte pour que les Uruguayens s’installent dans le championnat français. » Réputé nonchalant, l’attaquant de la Céleste joue par à coups, pour claquer parfois des buts extraordinaires, notamment contre les Girondins de Bordeaux. Mais il ne signera qu’une seule grande et bonne saison, la deuxième, où il termine, coaché par Joachim Marx, meilleur buteur du club avec 16 buts en 43 matchs. Lens termine 5ème. Ce n’est pas pour autant un grand buteur, mais plutôt un ailier de débordement dans la tradition sud-américaine, avec de la grinta, de la technique et une grosse qualité de centre. Peu après, il devra faire face à la montée en puissance de Tobollik et Eric William Njo-Léa, devenus titulaires dans une équipe déclinante, alors que Philippe Vercruysse le maître à jouer était parti à Bordeaux. Au même moment, la crise de l’extraction du charbon fait rage dans l’Artois. Lens n’a plus les moyens de ses ambitions et doit laisser partir Ramos. On restera donc sur 72 matchs et 18 buts au total, en trois saisons sous les couleurs des sang et or. Deux de ses quatre enfants naitront d’ailleurs sur le sol français, ce qui laisse toujours des traces. Reste que la parenthèse hexagonale, ne remplacera jamais son passage à Peñarol : « lorsqu’on a laissé Peñarol champion en 82, c’était un moment extraordinaire parce qu’on savait très bien que ceux qui viendraient après, auraient sans doute du mal à faire aussi bien. Et c’est ce qui s’est passé. Personne n’a fait aussi bien que nous. »
Le renouveau de la Celeste
Sa carrière internationale qui se déroule au même moment, sera très intéressante. Elle coïncide avec le renouveau de la Céleste qui dispose enfin de joueurs de talent, après 20 ans de disette. En 1981, l’Uruguay organise le Mundialito. Ce tournoi doit célébrer les 50 ans de la première coupe du monde de football (disputée également en Uruguay en 1930). Les six nations invitées sont les six pays champions du monde, dans l’ordre chronologique l’Uruguay, l’Italie, la RFA, le Brésil, l’Angleterre et l’Argentine. Tous répondent présent à l’exception de l’Angleterre, remplacée au pied levé par les Pays-Bas, finalistes des coupes du monde 1974 et 1978. Au premier tour, Ramos y va de son petit but pour une victoire contre les Pays-Bas 2-0. Puis la Celeste domine l’Italie 2-0 (buts de Julio César Morales et de Waldemar Victorino) avant d’accéder à la finale contre le Brésil. Jorge Walter Barrios ouvre la marque à la 50e minute, puis Sócrates égalise, avant que Waldemar Victorino donne la victoire à la 80e minute. En 83, il remporte avec l’Uruguay la Copa America pour disposer une nouvelle fois d’un Brésil bien naïf en finale. Vainqueur 2-0 à l’aller, l’Uruguay arrache le nul au retour, et Ramos offre l’égalisation à Aguilera. Dans cette équipe nationale qui doit alors atténuer le crash économique sans précédent que connaît alors l’Uruguay, on retrouve des joueurs de devoir, et d’autres plus talentueux, dont Enzo Francescoli bien sur, double meilleur buteur du championnat d’Argentine avec River en 85 et 86, Wilmar Cabrera, Pablo Bengoechea, Ruben Sosa. En 85, il est également des éliminatoires de la zone « Amsud » qui voit l’Uruguay se qualifier pour la Coupe du Monde au Mexique. C’est d’ailleurs lui qui marquera face au Chili, le deuxième but sur pénalty. Celui qui enverra la Celeste au mondial : « c’était extraordinaire, parce que la sélection avait raté les deux dernières Coupe du Monde, et que nous, on a enfin réussi à passer. Le match s’est déroulé dans un climat de guerre. Mais on était tous convaincu qu’on allait gagner. Et puis il y a eu ce pénalty. Sur la liste, j’étais le 5ème pour les tirer. Mais le tireur numéro 1, Amaro Nadal s’est pointé et m’a dit : il faut le tenter ! Il ne disait pas, il faut le mettre, mais il faut le tenter ! J’ai lui ai pris la balle, je lui ai dis, laisse-moi faire, et je l’ai mis ! » La qualification fut un évènement mémorable. « On a mené une campagne intelligente, judicieuse et on a pu donner du bonheur au peuple uruguayen. » Malheureusement, la prestation au Mondial sera indigne, pour faire d’une équipe d’artistes, une sacré bande de casseurs; c’était là la tactique de l’entraîneur Omar Borras, qui sera sanctionnée par une élimination logique en 8ème, face au futur vainqueur, l’Argentine.
Une fin de carrière en pente douce
A l’été 87, on le retrouve justement chez les voisins gauchos, à Independiente, l’un des grands clubs de Buenos-Aires, où il évolue avec Nestor Clausen et Ricardo Bocchini. « C’était extraordinaire, car il y avait toutes les semaines des classico à disputer, contre Boca, River, Racing. C’était un championnat où n’importe qui pouvait gagner. La preuve, ces dernières années, ce sont des petits qui ont gagné. Avec moins de changements, une meilleure gestion tactique des effectifs, on peut s’imposer. Lorsque je suis arrivé, c’était l’année ou l’Argentine venait de remporter la Coupe du Monde. Le niveau était donc très bon… »
Après un retour au Peñarol qui finira par le jeter quelques mois plus tard en 89, et un passage au Racing Club de Montevideo qu’il fait remonter dans l’élite, on le retrouvera donc dans l’autre grand club de la capitale, le Nacioñal, ni plus ni plus que le grand rival de Peñarol. Il y croise le Panaméen Julio César Dely Valdés, que l’on verra plus tard au PSG. « L’accueil a été merveilleux. Après tant d’années passées à Peñarol, tout le monde me respectait, comme on respecte un rival. J’avais le soutien des supporters grâce à mes bonnes performances, et, chaque dimanche, je donnais le maximum pour continuer de mériter cet appui ! » Il claque surtout dans le derby lors de sa première saison, alors que Peñarol est entraîné par l’argentin Menotti, ça aidera forcément un peu ! Après des passages dans des clubs de moindres importances, Defensor Sporting et El Tanque Sisley,. il met un terme à sa carrière en 1994. Il a alors 35 ans.
Après sa carrière pro, il s’est lancé dans le football de plage. Bon joueur, il sera meilleur buteur du Tournoi de Copacabana en 1997 ex-equo avec le brésilien Junior pour devenir ensuite le sélectionneur de l’Uruguay. Une bonne pioche, puisque l’Uruguay s’est hissé au 3ème niveau mondial, et a été vice-champion du monde en 2006, avant de redescendre un peu. « Avant même que la Fifa ne reconnaisse la discipline, on a beaucoup joué en Uruguay et on a été les initiateurs, les précurseurs de ce sport là-bas, grâce à l’apport d’ex-pros. Puis on m’a donné la possibilité d’entraîner avec les résultats que l’on sait : 4 participations mondiales et de bons résultats. »
Le Beach Soccer est vraiment né en Amérique du Sud. Il y est encore extraordinairement populaire, les matches informels sur les plages du Brésil, d’Argentine, du Chili sont légions… Cependant, les structures de la discipline peuvent encore être améliorées pour encadrer l’enthousiasme des pratiquants et développer leurs talents. Une nouvelle piste de travail, qui sait, pour Venancio qui a été licencié par la fédération Uruguayenne en 2010, mais qui est resté depuis, semble t-il, instructeur FIFA !