Tchen La Ling

Une carrière incroyable, avec un passage dans le grand Ajax post-Cruyff, avec Ruud Krol et Soren Lerby ! Puis la déroute au Pana et dans un OM alors sans ressort et sans ambition. Manchester voulait la Ling en 1976. Mais La Ling ne travaillait pas assez ! Il se laissait vivre ! Dommage !

En Bref

6 Janvier 1956

Attaquant

Saison Club Nb matchs Nb buts
1973 – 1974
ADO La Haye
10 2
1974 – 1975
ADO La Haye
32 0
1975 – 1976
Ajax Amsterdam
6 3
1976 – 1977
Ajax Amsterdam
29 7
1977 – 1978
Ajax Amsterdam
26 14
1978 – 1979
Ajax Amsterdam
32 10
1979 – 1980
Ajax Amsterdam
28 12
1980 – 1981
Ajax Amsterdam
22 8
1981 – 1982
Ajax Amsterdam
28 3
1982 – 1983
Panathinaïkos
26 1
1983 – 1984
Panathinaïkos
20 6
1984 – 1985
Olympique de Marseille
27 1
1985 – 1986
Feyenoord Rotterdam
19 0
1986 – 1987
ADO La Haye
10 0

  • 1973 –1975 :



    ADO La Haye
     

  • 1975 –
    1982 :



    Ajax Amsterdam
     
  • 1982 –
    1984 :



    Panathinaïkos
     
  • 1984 –
    1985 :



    Olympique de Marseille
     
  • 1985 –
    1986 :



    Feyenoord Rotterdam
     
  • 1986 –
    1987 :



    ADO La Haye
     

  • 1975 : Vainqueur de la Coupe des Pays-Bas (ADO Den Haag)
  • 1977 : Champion des Pays-Bas (Ajax Amsterdam)
  • 1978 : Finaliste de la Coupe des Pays-Bas (Ajax)
  • 1979 : Champion des Pays-Bas, Vainqueur de la Coupe des Pays-Bas (Ajax Amsterdam)
  • 1980 : Champion des Pays-Bas, Finaliste de la Coupe des Pays-Bas (Ajax Amsterdam)
  • 1981 : Finaliste de la Coupe des Pays-Bas (Ajax)
  • 1982 : Champion des Pays-Bas (Ajax Amsterdam)
  • 1984 : Champion de Grèce, Vainqueur de la Coupe de Grèce (Panathinaikos)
  • 1987 : Finaliste de la Coupe des Pays-Bas (ADO Den Haag)
  • 14 sélections en équipe nationale

Sa vie, son oeuvre

Sa carrière en club

« J’étais un joueur talentueux qui ne travaillait pas. Un très bon joueur même. En 1976, j’ai été contacté par Manchester et le Real Madrid, mais à 26 ans, j’ai fini au Panathinaïkos. Des regrets ? On en a toujours beaucoup lorsque l’on regarde sa carrière en arrière. Ca fait partie de la vie. Mais j’ai beaucoup appris de mes erreurs, et aujourd’hui, c’est cette expérience dont je veux faire profiter des jeunes joueurs de façon à ce qu’ils fassent les bons choix… » Ainsi parle le businessman néerlandais Tchen La Ling, homme d’affaire prospère et accessoirement ancien ailier voir avant-centre de l’Ajax, et de l’OM des années 80 version Jean Carrieu. Langage propret. Anglais étudié, parfait, qui dénote l’homme de bon goût qui voyage un peu partout sur la planète. Au cours de sa carrière professionnelle, La Ling fut aussi un grand voyageur et déjà, un homme particulièrement secret, qui ne parlait jamais pour ne rien dire. Cela n’a pas vraiment changé aujourd’hui.

Né à La Haye, le 6 Janvier 56, d’un père originaire de l’île de Java et d’une mère néerlandaise, La Ling fait ses classes au club local de « Den Hague », et ne tarde pas à affoler les compteurs de l’Eredivisie, au début des années 70. On est au cœur des années Cruijff-Neeskens et de ce « football total » inventé par Rinus Michels, qui fera des Pays-Bas, un double finaliste de la Coupe du Monde, et de l’Ajax, le meilleur club de la décennie, vainqueur en 71 de la Coupe d’Europe des clubs champions. Attaque à tout va, permutation des postes, circulation du ballon sans égale qui doit faire de l’attaquant, qu’il soit ailier ou centre-avant, un véritable sprinter. Comme Cruyff, La Ling était un athlète qui évoluait au poste d’ailier droit, qui avait toutes les qualités pour se mouvoir dans ce système, sauf qu’il était assez fainéant et qu’il ne tenait jamais compte des critiques objectives qu’on pouvait lui formuler. Une vraie tête de mule. Un jour, il déclara même à la presse batave, « qu’il s’en foutait. » Cela allait finir par lui coûter cher. Quand il débarque à l’Ajax en 75, contracté par Michels himself, il est pourtant considéré comme le successeur en puissance de Cruyff, parti deux ans plus tôt chercher fortune au Barca. Endurant, rapide, technique, réaliste. La grande classe. 1m80 mais très fort aussi techniquement. Le roi du petit pont, et même du grand. Capable de dribbler n’importe qui dans un mouchoir de poche. De quoi justifier, du moins dans les premières saisons, le célèbre adage « balancez tout sur Ling. » En 7 saisons, de 75 à 82, La Ling marquera 54 buts en 172 rencontres avec l’Ajax pour en faire un titulaire indiscutable. De quoi remporter 4 titres de champion des Pays-Bas, et deux coupes nationales. Mais sur le front européen, malgré Soren Lerby et Franck Arnesen, l’Ajax ne brille plus comme auparavant. Faute d’avoir pu disposer d’une génération aussi forte que la précédente, après les départs de Cruyff, Neeskens, et Rep. « Au début, j’ai joué avec Cruyff et Neeskens. Et sur la fin, avec Van Basten et Rikjaard. Ma génération, est celle qui a fait le lien. Mais j’en garde de bons souvenirs et j’ai appris beaucoup dans ces années. » Une génération totalement perdue sur le plan international comme le sera en France celle des Vercruysse et des Ferreri, qui succédera à Platini, après le Mondial 86. Le 5 octobre 1977 à Rotterdam, La Ling dispute son premier match international avec les « Oranje » contre l’URSS, pour un piètre nul 0-0. Il rate d’un cheveu la coupe du monde 78, mais disputera les éliminatoires du championnat d’Europe 80, et les qualifications de la Coupe du Monde 82, où les bataves seront d’ailleurs éliminé par la France de Platini en barrage. 14 sélections, deux buts et le début des années noires pour les Pays-Bas. Pauvre La Ling, jamais dans les temps. Et toujours borduré par Cruyff, au fur et à mesure que passeront les années. Le retour au bercail de ce dernier en décembre 81, après un passage par les USA et une demi-saison à Levante va précipiter sa chute. L’équipe est entièrement rebâtie autour du vieux lion qui pète le feu, et La Ling perdra sa place de titulaire au profit du prometteur Gérald Vanenburg. Prometteur et plus apte sans doute à suivre les consignes. Le championnat d’europe des nations 80, organisé en Italie ne lui sera pas davantage favorable. Les Pays-Bas sont éliminés dés le premier tour, devancés par l’Allemagne de l’Ouest, et la Tchécoslovaquie de Néhoda. 1982 signera la fin de sa carrière internationale et la fin surtout de son long bail avec l’Ajax.

Pour La Ling, il faut donc partir vers un championnat plus rémunérateur. Pendant 2 ans, le hollandais volant évolue donc au Pana, disputant 49 matchs pour marquer 14 buts en deux saisons. Les Grecs ont le seul avantage de bien payer. Rien de bien transcendant cependant, malgré un titre de champion et une coupe nationale dans l’escarcelle en 84.

Poussé une nouvelle fois vers la porte de sortie, il trouve asile à l’OM encore convalescent, et qui vient de remonter en D1, grâce à la fameuse génération des « Minots » sous la houlette de Roland Gransart. En théorie, La Ling doit épauler la jeune garde des Marc Pascal, Francini, Bade, De Bono, Anigo et également Eric Di Meco qui était alors un pur ailier gauche. Il y aussi quelques joueurs expérimentés, Kerjean, Zanon, Zénier, mais l’ensemble a du mal à exister d’autant que les deux étrangers recrutés à prix d’or, font vraiment le minimum. La Ling reste un formidable dribbleur à l’embonpoint désormais proéminent. L’anglais Laurie Cunningham est la seule vraie star de l’équipe mais il alterne le très bon et le très mauvais, suivant son humeur qui est sujette à tension. Avec ce duo exotique, Marseille évite de peu les barrages, et termine 17ème avec 31 points, soit deux points d’avance sur le Rouen de Robert Vicot. Entre-temps, Roland Gransart a été remercié et remplacé par Pierre Cahuzac, l’homme de l’épopée Bastiaise qui ne fera pas beaucoup mieux. La Ling ne se signale qu’une fois. Le 2 Février 1985 au Vélodrome contre le Paris Saint-Germain. Le parfum des grands matchs le suit comme une ombre. Il marque à deux reprises, permettant aux Olympiens de l’emporter 3-2. 6 buts au total, et 27 petits matchs, qui vont accélérer son retour précipité vers les Pays-Bas, car Carrieu n’est pas satisfait de son rendement.

La saison suivante, on le retrouve donc au Feyenoord avec des stats indigne de son statut : 18 matchs et un petit but. Il termine sa carrière à Den Hague, dans le club qui l’avait lancé aux yeux du monde. Une saison pour rien qui clôture une carrière inégale. Malgré ses 300 matchs au compteur, La Ling n’a brillé qu’à l’Ajax, club dans lequel il est arrivé trop tard et d’où il est parti bien trop tôt…

Que devient-il ?

Très vite, il décide de se spécialiser dans le business des compléments alimentaires pour sportifs. L’idée lui est venue lors d’un voyage au États-Unis où ces produits étaient déjà en vente libre au milieu des années 80. Il lance une affaire qui devient très prospère au Pays-Bas. Son expertise et son expérience du haut-niveau lui permet de s’attirer la clientèle de nombreux joueurs pros, qu’il conseille avec minutie et qu’il prépare physiquement pour les grands rendez-vous. Parmi eux, beaucoup de Bataves, et non des moindres : Franck Rijkaard, Jaap Staam, Rafael Van der Vaart, John Hetinga, Wesley Sneijder, ont été ou sont encore sous contrat, et ont progressé grâce au suivi individuel, concocté par « Fitshape ». Le cas le plus spectaculaire est celui de Rafael Var der Vart qui avait des problèmes de récupération physiques phénoménaux lorsqu’il évoluait au Pays-Bas. Une meilleure alimentation et un suivi drastique lui ont permis de retrouver une forme optimale, mais Van der Vaart a du abandonner définitivement la Junkfood. Souvent en proie à des douleurs musculaires lorsqu’il évoluait à l’Ajax, il a retrouvé depuis la grande forme pour passer le cap des 60 matchs par saison.

La Ling a fondé des académies de football au Brésil, en Grèce, en Roumanie, et en Bulgarie. Il est également devenu co-propriétaire du club slovaque de Trencín qu’il a réorganisé de A à Z en 2007 pour en faire un nouveau modèle de formation, en s’inspirant bien entendu du modèle de l’Ajax, qui a toujours la réputation en 2010 de sortir de très bons joueurs. Vente de joueurs dans l’avenir vers les gros championnats ? Implantation immobilière ? Le projet qui est de faire de Trencín, l’un des meilleurs clubs de Slovaquie, reste néanmoins assez mal défini et suscite un certain scepticisme même parmi les décideurs slovaques. Dés son arrivée, La Ling qui annonçait « une révolution » dans les méthodes de management, a viré Rob Mac Donald, un coach anglo-néerlandais qu’il connaissait assez bien et qui se battait alors pour le maintien du club. Trencin a été relégué en D2 en 2008, après onze années dans l’élite et n’est toujours pas remonté. La Ling a dit aussi que la D2 n’avait aucun intérêt pour lui, sur le plan sportif ou pécunier : « d’ici deux à trois ans, je veux que Trencin soit l’un des meilleurs clubs de Slovaquie. Je sais que le football n’est pas une affaire comme les autres, mais une aventure. Avec la relégation nous avons déjà perdu beaucoup de temps. Nous sommes ici car nous avons un objectif. Ce n’est pas un hobby. » Depuis, le club forme et vend des joueurs, notamment à « Den Hague » avec un succès mitigé même si le réservoir est intéressant à terme. Les autres investisseurs auraient des projets immobiliers ou de réorganisations du stade à plus ou moins long terme, en accord avec la municipalité. Projets qui risquent fort de rester à l’état d’ébauche, si le club ne retrouve pas rapidement la première division.

En 2007, La Ling accepte d’affronter sur un ring de boxe, l’ancien défenseur néerlandais John De Wolf (ex Groningue, Sparta Rotterdam, Feyenoord et Wolwerhampton), six sélections en équipe nationale, connu dans les années 80 sous le surnom de « Rambo » ou « Big John » beaucoup plus jeune que lui (43 ans contre 50). Le match « Fighting for the Stars » est télévisé par une chaîne privée néerlandaise, SBS 6. Sur le ring, les deux hommes ne se font aucun cadeau, dans un mélange très hard de boxe thaï et d’anglaise. Bien qu’assommés de coups par de Wolf durant le premier round, La Ling qui ne connait rien à la boxe et au close-combat, envoie une droite à son adversaire qui s’écroule aussitôt ! Curieux, car De Wolf semblait en bien meilleure forme physique, du fait qu’il jouait encore à 40 ans en D2 à Almelo. Il s’était surtout préparé en conséquence, paraissant nettement plus affûté que son adversaire. Victoire par ko dès le premier round, pour La Ling nullement surpris. « Le combat était très dur, c’est pourquoi j’ai décidé d’y mettre un terme rapidement. Ce match, lorsqu’on me l’a proposé, j’ai dit ok sans trop me poser de questions… Je n’avais pas fait de sport depuis 15 ans, c’était un moyen comme un autre de me remettre en forme. Mon adversaire s’était préparé une année entière. Je n’avais pas eu le temps de m’entraîner en conséquence car je travaillais sur mes affaires et sur le rachat de Trencín » dira La Ling, qui n’avait même pas de coach !

Le nom de La Ling prête à confusion. Durant sa carrière, le joueur a évolué sous plusieurs identités. La plus connue est Tchen la Ling, et également Tseu La Ling mais elles sont inexactes. La Ling a laissé dire sans se soucier de la façon dont on épelait son patronyme. En 2007, lors d’une interview, il a reconnu s’appeler Ling Tchen La !