En Bref
- 1978 –1984 :
RC Strasbourg - 1984 –
1987 :
FC Mulhouse - 1987 –
1988 :
FC Tours - 1988 –
1994 :
Valenciennes Anzin FC - 1994 –
1995 :
US Maubeuge
- Champion de Division 1 en 1979
Sa vie, son oeuvre
Défenseur central de devoir, Jacques Glassmann débute sa carrière professionnelle en première division à l’âge de 16 ans, s’il vous plaît, lors d’une rencontre opposant son club du RC Strasbourg au FC Nantes en novembre 1978. Glassmann l’alsacien, natif de Mulhouse, vit avec le Racing ses plus belles années. Il passe six saisons dans l’effectif des champions de France 1979. Il côtoie les grands noms de l’époque sans réellement se faire une place : Dominique Dropsy, Raymond Domenech, Albert Gemmrich, Rémy Vogel ou Francis Piasecki.
Jeune défenseur dans une équipe de vieux briscards en fin de vie, il joue peu. Le Racing ayant vraisemblablement mal géré le titre de 1979, les jeunes quittent le club. A 20 ans, Glassmann est transféré au FC Mulhouse, où il gagne ses galons de titulaire. Fraîchement descendu en division 2 à l’issue de la saison 1982-1983, la formation du Haut-Rhin désormais coachée par un entraîneur-joueur Raymond Domenech, échoue à trois reprises dans sa quête vers la première division. Glassmann accompagnera son équipe de cœur durant 3 saisons, avant de partir pour le FC Tours, où il évoluera aux côtés de Jean-Jacques Eydeliee notamment.
Après cette expérience mitigée dans une équipe de Tours en plein marasme et qui termine avant-dernière de Division 2, Jacques Glassmann signe en 1988 dans le club duquel il deviendra le capitaine emblématique et qui le rendra tristement célèbre : l’USVA. Après 5 saisons de purgatoire, de lutte acharnée en Division 2, l’équipe de Valenciennes, entraînée par Francis Smerecki, accède à la D1 en juin 1992. Les joueurs de l’époque s’appellent Jérôme Foulon, Wilfried Gohel, David Régis et Dominique Corroyer.
La saison 1992-1993 s’avère déterminante dans la destinée de Glassmann. Le club vient de remonter et, malgré le recrutement de Jorge Burruchaga ou de Christophe Robert, le club peine dans sa course au maintien. On est le 20 mai 1993, l’OM, presque sacré champion de France a besoin de souffler pour préparer au mieux sa finale de coupe d’Europe. Valenciennes reçoit l’OM à Nungesser.
L’affaire OM-VA
A la mi-temps du match, les dirigeants valenciennois, Michel Coencas en tête, déposent une réserve auprès de l’arbitre. L’affaire aurait pu retomber comme un soufflet… mais à la fin du match, Jacques Glassmann accuse devant la presse les Marseillais de tentative de corruption.
Les médias ne s’excitent pas. On est à une semaine de la finale de Munich, Valenciennes n’intéresse pour l’instant absolument personne. Marseille gagne la Coupe aux Grandes Oreilles, tout le monde est content dans l’hexagone. L’OM enchaîne par une victoire de prestige 3 buts à 1 contre le PSG pour clore la saison. Rideau.
La suite est à ranger dans les faits divers.
Un mois après les faits, la liesse du sacre européen retombée, le procureur De Montgolfier mène l’enquête sur les accusations de corruption proférées par Glassmann, de la diffamation pensait-on. La police retrouve 250.000 francs (environ 40.000 euros, des broutilles) dans une enveloppe enterrée dans le jardin de la tante de Christophe Robert à Périgueux. Jacques Glassmann avait donc raison.
Face à ces preuves accablantes et lâché par ceux qui l’avaient soudoyé, Christophe Robert craque et passe aux aveux : le 19 mai, à la veille du match contre Marseille, trois joueurs de VA, Christophe Robert, l’argentin Jorge Burruchaga et le défenseur Jacques Glassmann, ont été contactés par Jean-Jacques Eydelie. Celui-ci avait connu les trois joueurs dans des clubs précédents et leur a demandé de lever le pied lors du match VA-OM contre rétribution sonnante et trébuchante. Poussé dans le dos par le Directeur Sportif du club, Jean-Pierre Bernès, Eydelie s’estime manipulé.
Résultat des courses : l’affaire résonne dans toute la France à l’époque, Marseille est déchu de son titre gagné sur le terrain et relégué en D2, Tapie et Bernès perdent leur licence de dirigeant, Eydelie et Robert sont suspendus et écopent de peines de prison avec sursis.
Glassmann, quant à lui, reçoit un franc symbolique de dommages et intérêts. La saison suivante, alors que l’USVA est reléguée en D2, il sera sifflé sur tous les terrains à l’annonce de son nom. Il est âgé à l’époque de 32 ans. VA ne lui propose pas de contrat de reconversion en fin de saison, il est lâché. Mort pour la France.
Dans le milieu, il est alors considéré comme un traître. Lui a le sentiment d’avoir fait son devoir. Etant en fin de carrière au moment des faits, il n’avait rien à perdre. Il a agi par conviction profonde et souci de probité. Même s’il a été présenté comme un footballeur raté au plus haut point de la cabale lancée à son endroit, il aurait pu prolonger l’aventure professionnelle dans un club de Division 2. Mais personne ne l’a vraiment appelé. Après une pige à Maubeuge, il met un terme à sa carrière.
Dès la fin de sa carrière, il part s’isoler à 10.000 km de là, sur l’île de la Réunion, il y restera 3 ans. Cet exil en famille lui permettra de sortir la tête de l’eau, continuant à toucher le ballon dans le club de Sainte-Rose.
Il reçoit en 1995 le grand prix international du fair-play de la FIFA, pour son acte de bravoure. Ca lui fait une belle jambe.
Il revient en métropole en 1997, et le club de Strasbourg lui confie les moins de 15 ans, histoire de se remettre dans le bain. Il rejoint ensuite le Nord et retrouve les bancs de l’école. Après avoir obtenu des diplômes, il travaille désormais à l’UNFP et œuvre pour la reconnaissance des droits des joueurs professionnels.
Il est par ailleurs l’auteur du livre »Foot et moi la paix » préfacé par le chanteur Jean-Jacques Goldman.
Symbole de probité et d’intégrité Jacques Glassmann a donné son nom au Gymnase de Phalsbourg, qui a ouvert ses portes en 2002.
Reine des affaires de corruption, scandale indépassable qui a plongé l’OM en D2 et mis à nu le système Bernard Tapie, l’affaire OM-VA est somme toute assez banale, celle d’un achat de joueur, la veille d’un match important, pour lever le pied comme on dit… par sa dimension médiatique incroyable ainsi que les implications politique, dans un contexte, compliqué, retour sur l’histoire symbole de l’OM.