En Bref
- 1982 –1990 :
LKS Lodz - 1990 –
dec 1993 :
Montpellier HSC - jan 1994 –
1996 :
Osasuna Pampelune - 1996 –
dec 1996 :
Amica Wronki - jan 1997 –
dec 1998 :
Tampa Bay Mutiny
- Finaliste de la Coupe de France 1994
- 46 sélections en équipe nationale
Sa vie, son oeuvre
Jacek Ziober, nuque longue, cheveux filandreux, barbe sale et moustache polonaise, fait ses débuts à Lodz dans la ville de son coeur et qui l’a vu naître. Conformément au règles en vigueur dans le bloc de l’est, les joueurs ne peuvent s’exporter avant au minimum 28 ans. Heureusement pour lui, la Pologne emprunte le chemin de la scission au débuts des années 80 et la chute du mur en 1989, permettant au vent du libéralisme de s’engouffrer par delà le Rideau de Fer. Ainsi, à 25 ans, Jacek peut découvrir l’Europe occidentale. Plutôt que de suivre bon nombre de ses compatriotes en Bundesliga, il choisit la France et c’est dans l’Hérault qu’il pose ses valises, chez le récent vainqueur de la Coupe de France 1990. Il a la lourde charge de remplacer Eric Cantona, rentré à Marseille, pour porter haut le bleu et le orange en Coupe d’Europe.
A sein de l’équipe, avec sa tête d’émigré clandestin, Ziober aurait pu essuyer les railleries de la part notamment des défenseurs aux cheveux aussi courts que leurs tacles étaient hauts. Mais non. « J’avais tout de même un statut d’international polonais. Et puis il y avait Valderrama, j’étais pas le pire… ». Il faut dire que Jacek avait un certain talent, un crochet court efficace et un sens du but certain. Déterminé , il pouvait parfois laisser libre cours à son imagination. Pascal Baills se rappelle : « La première image qui me revient de Jacek, c’est son petit numéro lors d’un match contre Nancy. On menait 4-0, et lui, en pleine action, il fixe son défenseur, il met le pied sur le ballon, et là, il s’agenouille pour faire son lacet. On était scotchés. Il était comme ça Jacek. » C’est sûr qu’avec un tel comportement et des résultats plutôt séduisants en Coupe d’Europe , il avait de quoi devenir le chouchou de Loulou Nicollin. « Lors d’un match à Lyon j’avais joué blessé. A la mi-temps je suis allé voir le kiné pour me faire injecter des antidouleurs. Nicollin est entré et il a dit :’Les mecs qui sont chez le kinés ils jouent pas !’ moi je voulais continuer. Du coup j’ai pris mes affaires et je suis rentré directement chez moi sans regarder la deuxième mi-temps. Le lendemain, Loulou voulait nous faire rencontrer le personnel de sa société. Quand je suis arrivé, il s’est écrié’ Lui, regardez-le bien. C’est le Polonais qui a des couilles ! ». Montpellier cartonne et vit une grande aventure en C2. Après avoir sorti le PSV , puis le Steaua Bucarest, ils affrontent Manchester United. L’équipe du grand Montpellier, avec des Laurent Blanc, Kader Ferhaoui, Pascal Baills, Daniel Xuereb, Claude Barrabé va chercher un improbable 1-1 en Angleterre. Malheureusement les joueurs craqueront à la Mosson pour une défaite 2-0. La suite montpelliéraine est moins glorieuse. Les meilleurs partent en 1992 et l’équipe végète en milieu de tableau. Jacek quittera Montpellier sur une défaite en finale de Coupe de France en 1994 face à l’AJ Auxerre.
Il franchit les Pyrénées mais ne s’aventure pas beaucoup plus au sud en signant à Pampelune, club du ventre mou espagnol. Il restera 3 saisons en Liga avant de rentrer au pays en 1996. Après une saison dans le modeste club de l’Amica Wronki, il file aux USA, à Miami où il retrouve son vieux complice Carlos Valderrama au Tampa Bay Munity. Alors que le colombien signe dans le rival du Tampa Bay Fusion, Jacek lui reste quelques années, histoire de remplir le compte en banque et profiter du niveau médiocre de la MLS. En 1999, fatigué, le nez enfariné, il lâche l’affaire et rentre en Pologne.
Jacek veut devenir entraîneur. Comme il n’a pas les diplômes et que les stations balnéaires polonaises ne sont pas surpeuplées en été, la fédération lui propose quelque chose. Ainsi, il prend en main les destinées de l’équipe nationale de Pologne de Beach Soccer, le football playa comme on dit en Pologne. Afin d’asseoir son autorité, Jacek a opéré un ravalement de façade salutaire tant sur un plan professionnel que personnel : « Je suis pas un hippie moi ! J’étais comme ça parce que ça me plaisait, point. Aujourd’hui encore je me laisse pousser les cheveux, même si je peux pas trop me laisser aller, puisque je commente des matchs à la télé. Mais je n’ai plus la moustache, ma femme n’aimait pas trop. ». Fort de son expérience , il conduit sa sélection au Mondial 2006, au Brésil. Pourtant quand on voit ses choix, on dirait du Domenech « J’ai pu constituer ma première sélection, faite de joueurs de troisième division allemande, d’amateurs et de joueurs de futsal ». Etrangement la Pologne perd contre le Japon et ne passe pas le premier tour « Mais jouer à Copacabana, c’était extraordinaire »…