Didier Christophe

Un « gros » physique qui fit les affaires de l’AS Monaco dans les années 80. Venu très tard au football, Didier Christophe fut champion de France sur le Rocher, avant de faire des choix de carrière très contestables (Lille, Toulouse, Rennes). Avec l’équipe de France, l’aventure ne dura que le temps d’une belle saison, et il devait rater, de peu, le Mondial 82… Pourtant, il avait incontestablement le niveau international.

En Bref

Le battant
8 décembre 1956


Défenseur

Saison Club Nb matchs Nb buts
1976 – 1987
AS Monaco
8 0
1977 – 1978
AS Monaco
0 0
1978 – 1979
AS Monaco
2 0
1979 – 1980
AS Monaco
33 2
1980 – 1981
AS Monaco
27 4
1981 – 1982
AS Monaco
29 1
1982 – 1983
Lille OSC
30 1
1983 – 1984
Lille OSC
30 3
1984 – 1985
Toulouse FC
30 3
1985 – 1986
Stade Rennais
34 2
1986 – 1987
Stade Rennais
27 5
1987 – 1988
Stade de Reims
27 2
1988 – 1989
Grenoble Foot 38
22 2
1989 – 1990
Grenoble Foot 38
6 0
  • 1976 –1982 :



    AS Monaco
     

  • 1982 –
    1984 :



    Lille OSC
     
  • 1984 –
    1985 :



    Toulouse FC
     
  • 1985 –
    1987 :



    Stade Rennais
     
  • 1987 –
    1988 :



    Stade de Reims
     
  • 1988 –
    1990 :



    Grenoble Foot 38
     

  • 1977 : Vice-champion de France de division 2 (Monaco)
  • 1980 : Vainqueur de la Coupe de France (Monaco)
  • 1982 : Champion de France (Monaco).
  • 6 sélections en équipe nationale

Sa vie, son oeuvre

Sa carrière en club

Avec Didier Christophe, c’est tout un pan de la dramaturgie obscure du football français des années 70-80 qui nous revient en pleine figure. Chaussette baissées et bas en bandoulière, corps lourds en action sur les terrains boueux et lents de la Ligue 1 à la mode « Jean Sadoul », vieilles tronches de marins prêtes à partir demain à l’abordage dans quelques ports sombres, qui seront les lieux ultimes de la consécration, pour figurer à la Une de But et de France-Foot.
Comme le dira le même Didier Christophe, quelques années plus tard, revenu de tout, le football de ces années-là était « plus technique et plus émotionnel mais moins rapide ». Il favorisait l’émergence de vrais caractères et quelques profils atypiques comme l’ailier de débordement, le 10 à l’ancienne qui distribuait sans vraiment défendre, et le 6, montagne de muscles et de courage, régulateur du milieu, du fait de son incroyable abattage. Un monde à part, balayé sur l’autel de la mondialisation…

Né le 8 décembre 1956 à Sainte-Colombe-lès-Vieille, dans une famille où la pratique du sport est quotidienne, Didier Christophe plonge très tôt dans le basket, mais c’est bel et bien dans le football, qu’il va trouver matière à s’illustrer. Nous sommes au mitan des années 70. Puissance physique et conviction sont déjà sa marque de fabrique. « J’ai quand même joué au basket jusqu’à l’âge de seize ans. Et je pense que j’étais plus doué pour le basket que pour le football. Du reste, quand j’ai opté pour le football, essentiellement en raison de la création de l’INF Vichy, mon père m’a clairement laissé entendre que j’avais intérêt à réussir » explique le futur métronome de l’ASM. Des qualités à la Dominique Bathenay ou à la Neeskens qu’il va développer à l’INF Vichy, sous la houlette de Gérard Banide et de Pierre Pibarot. Des éducateurs révolutionnaires qui le marqueront considérablement. A l’issue de sa formation, il signe à Monaco, un défi qu’il va relever, même si l’entraineur de l’époque, le très conservateur Lucien Leduc, le cantonne d’abord au banc des remplaçants.

Il faudra d’ailleurs attendre l’arrivée de Gérard Banide, promu entraîneur en 1979 pour que Christophe trouve une place de titulaire à part entière. « Mon style suscitait beaucoup de réserves là-bas. Tout le monde m’avait même promis une désillusion. Pourtant, non seulement j’y ai joué, mais je m’y suis imposé ! » Au bout de 12 matchs en D1, ses qualités de battant lui valent une première pré-sélection puis des sélections en équipes de France. Ce sera le plus beau souvenir de sa longue carrière sportive. « Le plus fort, c’est incontestablement d’être le premier joueur de l’INF Vichy à avoir été international. Et d’avoir été appelé par Hidalgo après avoir joué seulement 12 matches en pro avec Monaco. Il faut se souvenir qu’à l’époque les pionniers de l’INF étaient pris pour des illuminés !»

Dans la perspectives des éliminatoires de la Coupe du monde 82 qui s’annoncent périlleux, Michel Hidalgo cherche à densifier son milieu de terrain. Christophe fait donc équipe avec un autre joueur « hors code » Jean-François Larios alias Jef, l’ex-futur meilleur ennemi de Platini. Le duo de ratisseur est atypique mais les résultats sont mitigés. Trop lent, peut-être. Christophe marque un but de la tête en amical en 80 contre la Grèce mais ne dispute que deux rencontres des éliminatoires de la Coupe du monde dont le fameux Pays-Bas-France de 81 ou les bleus privés de Platini s’incline 1 – 0. Il sera bientôt éclipsé par la montée en puissance de Jean Tigana et de Bernard Genghini, incarnation de la fluidité du carré magique. Du reste, ses six sélections sont espacées sur d’une seule saison. De 80 à 81.

En club, c’est beaucoup mieux. Après avoir gagné la Coupe de France en 1980, l’AS Monaco est sacrée champion de France, deux ans plus tard avec Bellone, Ettori, Amoros, Recordier, Puel, Bijotat. Monaco n’a pas encore de bonnes structures et s’entraîne dans des conditions précaires, du moins jusqu’à l’inauguration du nouveau stade Louis-II, en 1985 : « il fallait faire beaucoup avec peu. On s’entraînait un jour à Eze sur un petit terrain caillouteux, le lendemain à Peille ou à Cap-d’Ail… » se souvient Gérard Banide. « Au début, on vivait à quatre dans un appartement en ville », se rappelle Ettori. « Le midi, on mangeait dans un restaurant qui s’appelait Le Biarritz. C’était sympathique, il fallait traverser le marché, on n’était pas coupé du monde et si on voulait sortir, on pouvait. » Curieusement, Christophe choisit alors de quitter le Rocher, pour signer à Lille qui n’est pas spécialement un cador à l’époque. En fait il n’a pas eu vraiment le choix, ses dirigeants ont refusé de renforcer des rivaux directs pour le titre.
Seule l’aventure humaine a présidé à ce choix. « Humainement, c’est un excellent souvenir ! Il y avait Gemmrich, Muslin, Verel Engin, Philippe Bergeroo et Arnaud Dos Santos était l’entraîneur. On avait fait un début de saison de misère. Le club était dernier en octobre. Et puis, après une nouvelle défaite à Mulhouse, on a explosé Bordeaux et on a aligné ensuite quinze matchs sans défaite. A la mi-janvier, le LOSC était septième. Evidemment, il y eut une fin. Ce fut contre Auxerre, notre bête noire. Un représentant de la ville est venu nous houspiller dans le vestiaire. Nous l’avons gentiment remis à sa place ! »

Il termine avec les Lillois 13e du championnat et atteint les demi-finales de la coupe de France. Le LOSC s’incline deux à un sur les deux matchs face au FC Nantes. La saison suivante, le club termine 9e du championnat. Il passe ensuite à Toulouse mais il n’y rencontre pas le même succès qu’à Monaco, même s’il va y disputer sa 3e demi-finale en Coupe. Les Toulousains s’inclinent aux tirs aux buts au match retour face au Paris SG.. En 1985, il rebondit à Rennes pour participer au maintien du promu en D1 avec une nouvelle demi-finale de Coupe. Cette fois-ci, c’est l’OM qui élimine Rennes. La saison suivante est catastrophique puisque les Bretons sont relégués avec un total ridicule : 17 points. Au milieu, Didier Christophe surnage. Il marque 5 buts. En 1987, il passe en D2 à Reims où il va retrouver Carlos Bianchi . Entre l’ancien buteur argentin et le milieu rude, l’osmose est totale. Les Rémois ne montent pas mais disputent une demi-finale de Coupe contre l’OM, la 5e pour Christophe
Mais l’enfant du Rhône va vite céder aux appels de Grenoble. Ce sera une fausse piste. Après une grave blessure, il met un terme à sa carrière en 1992, en tant qu’entraîneur-joueur à Roussillon, dans l’Isère, pas très loin des Roches-de-Condrieu d’où il est originaire.

Que devient-il ?

Après une telle carrière, il ne pouvait que rester dans le football. Avec un parcours un peu à l’image de sa carrière pro. Du travail, de l’abnégation et un goût prononcé pour l’arrière-boutique obscure.
Il devient alors entraîneur-joueur de l’ES Roussillonnaise, club de promotion d’honneur régionale, situé à Péage-de-Roussillon, jusqu’en 1991, puis directeur technique du club jusqu’en 1996. Il organise également, de 1989 à 1991, des stages football multi-activités à Autrans dans le Vercors.
Responsable des jeunes (des débitants aux 15 ans), à Bourgoin-Jallieu, il passe un an au centre de préformation de Lens, avant de revenir s’occuper de l’équipe de DH de Bourgoin, puis de partir six mois aux Emirats arabes Unis pour tâter de la formation à AI-Aïn. C’est là qu’il se rendra compte qu’il est un peu « léger ». « Je suis alors rentré en France pour reprendre ma quête de diplômes. C’est ainsi que, ayant déjà le BE 1 depuis 1990, le DEF, le BE 2, j’ai obtenu mon certificat de formateur en mars 2002 ». Depuis, il a obtenu son DEPF après avoir passé un séjour d’un mois en Argentine à Boca-Junior. « Inutile de vous dire que je n’ai pas regretté ce choix ! Je ne vais bien sûr pas vous révéler ce que je dis dans le mémoire, mais je peux vous garantir, en revanche, que j’en ai fait, des découvertes ! Je peux même dire que j’ai eu le sentiment de vivre sur une autre planète. Carlos Bianchi m’avait averti que Boca Juniors, c’est le PSG, L’OM et l’OL réunis au niveau de la pression. En guise de quoi, c’est ça, mais à la puissance 1000, tant tout tourne autour du football là-bas. J’ai pu vérifier au passage que mieux vaut se perdre dans sa passion que perdre sa passion !»
Directeur du pôle espoirs d’Aix-en-Provence, directeur du centre de formation de Troyes, il est également devenu directeur-adjoint et entraîneur au centre de formation de l’AS Monaco, un poste où il ne tiendra que quelques mois, puisque Jérôme de Bontin le virera, après quelques mois passés sur le Rocher. Cela lui laissera le temps de faire du bon travail, avec la montée en puissance de la Gambardella.
En janvier 2011, il prend en main une équipe sénior, celle du Pau FC. Mais l’aventure ne dure pas, et Didier Christophe décide lui-même pour « raisons personnelles » de jeter l’éponge un mois après son arrivée. Aujourd’hui, il cherche un club….